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  Légendes Limerzel

 


LA LÉGENDE DE L'HOMME ROUGE

C'était autrefois, peut-être au temps de la Duchesse Anne ; peut-être plus anciennement encore ; il y a si longtemps ! ... On était à l'époque de la récolte au commencement de septembre. On battait aux fléaux le blé noir dans la rue du village d'A-bas du Viel-Temple ; tout le monde était réuni afin de rentrer au plus vite le grain, car l'orage menaçait et les batteurs frappaient en cadence en chantant les vieux airs du pays.

Tout à coup l'orage éclate, un éclair arrête la batterie, la foudre tombe de tous cotés, et une pluie torrentielle inonde la rue. On se précipite à l'abri sous la grange, mais se retournant, tous restent saisis d'effroi. Là..., au bout du pailler, à demi renversé, se tient un homme rouge... tout rouge ! regardant avec de grands yeux, ne faisant pas un geste, ne disant rien. Bien sûr il est tombé dans le coup de tonnerre...

L'orage calmé, l'homme est là, toujours immobile; Peu à peu cependant, la première frayeur passée, chacun rentre chez soi, remettant à son voisin les soins à donner à l'inconnu. Le lendemain matin, l'homme rouge était toujours à la même place sans mouvement, et paraissant exténué. Pensant qu'il devait peut-être avoir faim, quelques-uns des plus hardis du village, allèrent chercher un peu de nourriture et une cruche d'eau qu'ils placèrent à sa protée à l'aide d'une fourche, car on n'osait s'approcher.

Au bout de trois jours l'homme mourut sans avoir dit un mot à personne ; il s'était affaissé le long du pailler, et nul ne sut ce qu'il pouvait bien être.

On s'en fut alors chez le Recteur lui conter l'événement et demander de procéder à l'enterrement de cette créature extraordinaire. Le Recteur vint voir le mort et déclara qu'il ne l'enterrerait pas à l'église paroissiale, mais que, comme il avait toute l'apparence d'un homme et qu'il pouvait être chrétien, on lui creuserait une tombe près de la chapelle du Vieil-Temple et on y ferait l'office ; car la chapelle était debout à ce moment-là. Une croix de granit fut posée sur sa tombe...

 

Voici selon moi l'explication de cette légende. Nous avons vu que l'année 1312 fut marquée sous le règne de Philippe le Bel, roi de France, par le massacre des Templiers et l'abolition de leur Ordre. D'un autre coté, dans son histoire de Carentoir, M. L'abbé Le Clerc rapporte que "les Templiers de la Commanderie de Carentoir furent massacrés, dit la tradition, au pied d'un gros chêne, tout près de la chapelle de Fondelienne". Il semble probable que l'un d'eux, couvert de sang et revêtu du manteau rouge des Templiers, manteau qui leur fit donner le nom de moines rouges, vint s'échouer au Temple de Bas qui appartenait à son Ordre et le Recteur d'alors reconnaissant un Templier le fit enterrer selon la coutume du moment dans le terrain dépendant de la chapelle du Temple.

Voici donc une histoire vraie qui se raconte dans la contrée de génération en génération depuis 600 ans ; c'est à peine s'il y a une confusion dans les faits en disant, que les personnes atteintes de douleurs d'entrailles sont guéries en allant visiter la tombe de l'homme rouge : c'est Saint Mamer qui était invoqué pour ces maladies au temps où le culte religieux se pratiquait dans la chapelle.

"Extrait des textes de J de Kerviler"


LA GRIGNONNE

La Grignonne... Ce nom est resté en honneur dans la mémoire populaire locale. Celle qui le portait est encore vénérée dans l'église de Limerzel où son tombeau a été placé.

A la limite de Caden, se trouve une maison qui porte au linteau d'une de ses fenêtres, "EPM (c'est à dire Édifié Par Maître). Jean Grignon en l'année 1700. C'est la Garenne dont la terre venait de lui être vendue par messire De Coetlogon. Jusqu'alors elle était louée à Monsieur Pontel, Maitre Chirurgien.

Jean Grignon était officier de santé de sa vacation. Ses talents devaient avoir une assez grande valeur pour lui permettre d'augmenter sa clientèle en recevant dans son "hostellerie" les malades qu'il soignait avec dévouement, lui acquérant dans le pays une notoriété certaine.

Mort en 1728, il laissa son office entre les mains de son fils aîné, Joseph Grignon et de sa belle-fille, Jeanne Goupil, auxiliaire précieux de son mari dans la charge toujours plus lourde de la maison ; en effet, les malades ne venaient pas seulement s'y faire soigner, ils y demeuraient ensuite en qualité de pensionnaires. Aujourd'hui on dirait que Mme Grignon, "la Grignonne" pour l'appeler par le nom qui lui est resté, tenait une clinique, célèbre par le dévouement, la charité, la piété de la maîtresse de céans.

Jean Grignon décédé jeune encore, sa femme confirma l'œuvre familiale de bienfaisance, recevant les miséreux et les éclopés, les blessés et les souffrants, et sa réputation devint plus grande que la renommée de ses prédécesseurs. Sa fortune lui rendait d'ailleurs la générosité facile, et comme elle était aussi désintéressée que dévouée, c'est en prières aux âmes du purgatoire qu'elle faisait payer ses services. Elle avait établi son cabinet de consultation dans un bâtiment de droite avant la cour d'entrée, et en attendant les clients elle s'asseyaient en filant la liane sur une grosse pierre du vestibule. Quelqu'un arrivait-il, elle lui cédait la place, et à genoux, se faisant bon Samaritain, elle se mettait en devoir de "redresser bras et jambes". La pierre de la Grignonne était plus célèbre dans le pays que les menhirs au bord des chemins, la guérisseuse n'existait plus depuis longtemps qu'on y venait en pèlerinage pour obtenir, en récitant le chapelet, le soulagement de ses maux, et les nombreuses béquilles laissées contre le mur voisin en signe de gratitude attestaient en effet la quantité de guérisons obtenues sous son patronage. Mais vers la fin du siècle dernier, un fermier agacé de ce manège ou importuné par le va-et-vient incessant des "pèlerins", brisa la pierre et dispersa ses souvenirs.

D'une ponctualité rigoureuse, elle exigeait aussi une parfaite exactitude de ses oubriers, leur recommandant de ne jamais revenir des champs les mains vides. Croyant l'embarrasser, l'un d'eux en ramena un jour deux pierres, mais en les lui apportant il fut tout surpris de s'entendre complimenter :

"Vous avez eu là une belle idée, mon ami ! Voyez, dans ce mur il y a deux trous, elles vont les boucher, on les dirait taillées à dessein."

Le fait est qu'elles s'y incrustèrent exactement : un peut de mortier pour les mainteneir, et la régularité du mur était parfaite.

Le 29 septembre 1770, un homme de Billiers, un nommé Loiseau, s'était mis en route, le penbas en main, pour accomplir le long trajet de Billiers à Limerzel, d'autant plus méritoire que sa santé chancelait, et précisément dans l'espoir de la recouvrer par les soins de la Grignonne, il avait entrepris le voyage. Or, tout près du but, il apprend que celle-ci venait de mourir. Va-t-il rebrousser chemin ? Au moins pense-t-il convenable d'aller prier à son chevet. Et voici qu'en récitant l'Ave Maria, il ressent un grand bien-être et c'est tout allègrement qu'il s'en retourna chez lui. Tel fut le premier prodige dû à la mémoire de la Grignonne.

Le lendemain, tout le pays en était au courant. "Une sainte ! Nous avons perdu une sainte !" entendait-on le bon peuple se lamenter, comme les Anglais après les supplice de Jeanne d'Arc. Sainte ou non, et certes pas au sens des décrets ecclésiastiques, elle n'en était pas moins considérée morte "en odeur de Sainteté", et son tombeau un but de pèlerinage, comme la pierre.


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