Méréal,
Saint Patron de la Paroisse
Le
premier Saint patron de la paroisse fut Saint Malo. Nous en avons un
témoignage irrécusable, c’est le Cartulaire de l’Abbaye de Redon. On
appelle Cartulaire un recueil contenant les Chartes ou titres de
propriétés des seigneuries laïques ou ecclésiastiques. Or le
Cartulaire de Redon note en l’année 1287 : “Cure Saint Malo de
Fégréac : Vicaire perpétuelle de Saint Gildas des Bois”. La paroisse
de Fégréac appartient alors au doyenné de la Roche Bernard. Le
présentateur à la cure est l’évêque de Nantes et la cure est taxée
10 livres.
Saint
Malo, dont la paroisse porte alors le nom est un Saint évêque d’origine
Celtique. Il naquit au sud du pays de Galles en Angleterre vers la fin du
VIème siècle. Il appartenait à une famille noble, mais malgré l’opposition
familiale qu’il rencontra, il se fit moine, puis devint évêque.
Beaucoup de Celtes de Grande Bretagne, par suite des invasions
anglo-saxonnes, il passa sur le continent et fonda l’évêché de Saint
Malo qui prit son Nom. Il exerça aussi son apostolat en Saintonge et c’est
là qu’il mourut en 649. Mais on ramena son corps dans sa ville
épiscopale. Son culte se développa en Bretagne et dans le diocèse de
Nantes: deux paroisses l’ont encore comme titulaires: Saint Malo de
Guersac et Dréfféac. Pourquoi à Fégréac son culte fut-il supplanté
par celui de Saint Méréal?
Pour
le comprendre, il faut se reporter à l’histoire générale religieuse
de notre pays au Moyen Âge. A une certaine époque des églises
importantes, surtout des cathédrales voulurent se trouver une origine
apostolique et prétendirent avoir pour fondateurs des disciples
immédiats des apôtres ou même des personnages évangéliques.
C’est
ainsi qu’on soutint que Zachée le publicain de Jéricho était venu en
Galle et aurait vécu dans le Quercy en ermite sous le nom d’Amadour: d’où
la localité de Roc Amadour. Saint Martial de Limoges aurait été le
petit garçon qui donna les poissons à l’apôtre Philippe au moment de
la multiplication des pains. Inutile de dire qu’il s’agit là de pures
légendes.
C’est
dans ce courant que se situerait à partir du XIVème siècle l’introduction
du culte de Saint Méréal à Fégréac sans qu’on sache par qui, ni de
quelle manière se fit cette innovation.
Saint
Méréal, qui aurait vécu au VIème siècle, d’autres le placent au
VIIème siècle, était un jeune prince breton dont l’histoire était
touchante, bien que son historicité demeure fort incertaine. Notons d’abord
que le nom Méréal est une déformation locale. Les Chroniques bretonnes
parlent toujours de Méléar ou Méloir.
Le
Père de Méléar se nommait Miliau et était comte de Cornouaille: la
Région de Quimper. C’était un prince pieux et juste et il s’occupait
avec beaucoup de soins de son peuple qui l’aimait bien. Mais Miliau
avait un rival, son frère Rivod qui désirait le pouvoir. Rivod assassina
donc Miliau. Celui-ci avait pour descendant un petit garçon de 7 ans:
Méléar. Rivod chassa l’enfant et sa mère Hareille ou Aurélie. Mais
le jeune prince demeurait une menace pour Rivod qui était détesté du
peuple. Rivod envoya donc des sicaires pour le mettre à mort.
Mais
ceux-ci apitoyés par les prières de la princesse Aurélie, se
contentèrent de couper le pied gauche et la main droite de Méléar pour
l’empêcher de monter à cheval et de tenir une épée. Mais on trouva
des artisans assez habiles pour fabriquer un pied d’airain et une main d’argent
que Méléar maniait comme si c’étaient ses membres naturels.
De
plus l’enfant fut confié aux soins et à la protection de l’évêque
de Quimper et d’un seigneur qui se nommait Kérialtan. Mais Rivod
réussit à soudoyer Kérialtan par la promesse de riches domaines. Et une
nuit, Kérialtan aidé de son fils coupa la tête du jeune Méléar âgé
alors de 16 ans, pendant son sommeil et la porta à Rivod. Les meurtriers
périrent de mâle mort quelques temps après.
Cette
histoire de Saint Méréal contient une forte partie légendaire. Le pied
d’airain et la main d’argent relèvent du folklore. De plus on ne voit
pas pourquoi est honoré comme martyr ce jeune prince victime seulement d’un
drame familial...
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